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Monter, descendre ... ça glisse pareil.
1 décembre 2013

Un décembre deux mille treize

On a voulu faire çi on a voulu faire ça on a voulu faire machin. J'ai oublié. On a cru qu'un jour on dormirai tranquille et en fait on s'embarquait pour des années sans sommeil, une longue journée sans sommeil pour imiter la mort mais à quoi bon dormir quand on est déjà mort ? On a cru qu'on avancerait qu'on guérirait qu'on deviendrait des autres, des géants, des titans, des survivants. On s'embarquait pour des années de journées plombées pour toujours par les insultes premières qu'on entendrait à jamais pour la difficulté de la réminiscence surgissant à chaque carrefour. Pour un silence poli parce qu'on est grand. Un silence ou soit même l'on s'oublie. Le silence du déni. Et le silence te livre en pâture à tout ceux qui ont besoin de silence pour perpetrer leurs forfaits.

On a cru en l'amour. Quel amour ?

On a cru en l'amour en attendant les pieds battants dans le vide, dans les chambres d'hôtels, on a cru que surgirerait un prince n'importe lequel. On a cru qu'on survivrait mais elles sont déjà toutes mortes. Toutes mortes sauf moi. Pourquoi ? On a cru en l'amour quand il est apparu.

Le matin parfois je me demande ce que j'aurais du faire, ce que je devrais faire. Comment faire ? Je n'ai jamais trouvé.

On a cru en rien mais même rien c'est trop demander.

J'ai cru tout ce qu'on m'a dit, que quelqu'un m'aimerait qu'il fallait être gentil qu'il fallait être gentil et sage qu'il fallait être patient et être courageux que la vie serait mieux j'ai tout gobé tout avalé je suis arrivée jusqu'ici. Mais maintenant c'est fini.

On a cru en la mort, elle n'a jamais trahi, elle a toujours été là amicale et sordide effleurant mon visage de ses longs doigts effilés quand allongée par terre défoncée. Toujours là dans les coins des chambres d'hôtels, on a cru en la mort car elle n'a jamais démérité, toujours là pour consoler, rassurer, la seule épaule, la seule étreinte, quotidienne. Quand allongeant les jours et les semaines personne ne m'a touchée, personne ne m'a pris dans ses bras, personne ne m'a embrassée.On m'a baisée bien sur, baiser n'est pas tromper. La mort tous les jours, chaque seconde. La mort partout. Dans tous les regards, tous les silences, tous les sourires, la mort. Caressant mes cheveux, apaisant mes sanglots, m'enroulant dans ses rêves. Patiente et lente, calme et apaisante. En permanence convoquée.

Trop longtemps je me suis dit que ça leur ferait tellement plaisir, cela justifierait tout ... les mauvais traitements, les insultes, les trucs qu'on oubliera jamais parfois ma mère m'appelle "tu viens quand". Mais j'étais là, j'étais là tout le temps, j'étais là toute petite quand on lui disait qu'il fallait qu'elle choisisse. C'est moi ou elle. Tant de haine. Elle a choisi. 

Tout le monde m'a dit que j'oublierai quand la vie ne s'égrène que dans cette litanie. Si je me tue, ils seront contents. Ca sera bien la preuve que j'allais de travers, ça les dédouane, les rédemptionne, ça les rassure, c'était pas de leur faute c'était de la mienne. Me tuer c'est les laisser gagner. Longtemps.

En face du Père Lachaise il y a un marbrier. Je voudrais laisser une plaque quelque part, quelque chose sur lequel il y aurait inscrit "better out there". Je veux que l'on se souvienne de mon amertume et de ma solitude. Je n'ai besoin des larmes de personne, je n'ai besoin de personne, je ne veux plus de personne. Je veux qu'on me jette en l'air n'importe où et qu'ensuite on jette l'urne qui m'aurait portée. Je veux ne pas avoir existé. Je veux qu'on efface mon acte de naissance, qu'on annule chacune de mes journées. Je veux ne pas avoir été là. Pour personne.

Les pompes funèbres ne peuvent pas faire grand chose. Je leur demande pour les cercueils, les prix, comment on fait pour les crémations. Je leur demande pour les urnes. Une plaque au Père Lachaise ? Je veux un cercueil blanc et rouge et je veux un couffin avec des clowns. Je demande pour le tissu. Est ce qu'au moins je pourrais choisir ça de ma vie choisir le tissu autour de moi quand mon corps brulera en enfer. Mais aucun enfer ne vaudra la vie.


- L'enterrement est prévu pour quand ? 

- je ne sais pas encore, comment je peux faire pour que l'on vous prévienne ? vous ne laisserez personne mettre un autre tissu ?

- C'est pour quelqu'un de votre famille ?

- C'est pour moi, je suis malade.

 

 

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