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Monter, descendre ... ça glisse pareil.
24 avril 2008

Mais pourquoi Cindy elle me fait pas rire moi ?

Oui elle me choque pas, elle me fait pas hurler ni de rire ni de terreur, en même temps j'hurle pas de terreur quand je vois Amel Bent je souris juste, j'hurle pas de rire quand je vois Chimène Badi, je n'hurle pas quand j'entends du Carla Bruni, je n'ai pas peur quand je vois des émissions style la nouvelle Star que tout le monde regarde avec beaucoup de sérieux et le JT dont tout le monde avale le jus dégueulasse sans ciller ne me touche pas plus que ça non plus. Je ne pars pas en courant quand je vois que Libé est toujours en vente...et lu !

Je veux dire comme horreurs de la guerre, comme monstrueuses couleuvres à avaler pour pouvoir survivre en société j'ai vécu pire que Cindy, vraiment. Tous les jours je vis pire que Cindy. S'il s'agit de mépriser la médiocrité ignorée et revendiquée ou de s'en moquer ou d'en avoir peur, je comprends mieux pourquoi tous les jours je meurs et comment je ne peux plus sortir de chez moi. Cindy a ceci de supportable qu'elle sait elle qu'elle n'est pas Céline Dion.

Je ne vois pas ce qu'elle a de risible, si demain par exemple un éditeur me contacte pour faire d'ignobles trucs qu'on appellera livres sur le thème ..."mangeons du chocolat sans peur" ou "comment ne plus faire le ménage en 25 leçons" il y a de fortes chances pour que poussée par l'appât d'un gain même minime j'accepte. Comme ça je pourrais faire ce qui me plaît : écrire. Même de manière médiocre après tout qu'importe on est dans l'ère de la médiocrité décomplexée.

Je ne vois pas la différence entre tel phénomène devenu courant et Cindy Sanders. Je ne vois pas la différence entre ce que les éditeurs aimeraient bien que je lise et tentent de me vendre en tant que roman français et Cindy Sanders (y a du "boulot" des deux côtés), je ne vois pas la différence entre le gouvernement et Cindy Sanders, je ne vois pas la différence entre le phénomène blog ou tecktonic et Cindy Sanders, je ne vois pas ou Cindy fait une différence de médiocrité dans la vie que l'on nous propose à l'heure actuelle.

J'aurais peut être hurlé ou ri en d'autres temps d'autres mœurs mais à l'heure actuelle Cindy est en passe de devenir ce qui se fait de mieux. Las, ce qui me fascine est cette promptitude à la moquerie à l'air horrifié à l'agacement qu'affichent ostensiblement certains. Genre les jurys de la nouvelle star affirmant avoir engendré un monstre. A se taper le cul par terre, ils se sont vus dans leur rôles super pris au sérieux de jurés d'une émission plus médiocre que ça tu meurs ? J'ai l'impression que Cindy permet un transfert idéal, elle représente la médiocrité avérée de tous, puisqu'ils ne peuvent pas se mépriser eux mêmes ils méprisent une nana qui effectivement accepte de se donner en pâture pourvu qu'elle obtienne ce qu'elle veut.

Ce que personne n'ose faire en fait. Et pourquoi ? Dans un monde où le rêve et l'envie de donner corps à ses rêves est tournée en ridicule (cf: les inoubliable de la nouvelles star qui me font pas rire non plus) elle est obscène, insultante pour ceux qui ont accepté sans jamais la remettre en cause la vie en boîte qu'on leur concocte depuis la maternelle. Pour ceux qui ne rêvent pas de peur d'être eux aussi tournés en ridicule, pour ceux qui refusent de prendre le moindre risque parce que sans cela on sort des marques et l'on risque c'est vrai sa crédibilité, elle est un crachat à la figure. Un vrai cauchemar même. Pour ceux qui ont fait discrètement comme elle soit la majeure partie des produits marketés appelés livres, musiques, journaux, infos, pipoles, ces trucs dits "fashion" ou "sociaux" qu'on nous inflige à longueur de journée elle les met en danger pour être la parfaite démonstration de leur propre supercherie.

J'aime bien Cindy elle est mieux que n'importe lequel de mes discours visant à vilipender le monde dans lequel je tente de survivre sans me noyer dans la merde ambiante. Merde dans laquelle  tout le monde se roule pourtant avec bonheur tout en se foutant de la gueule de Cindy sans même prendre conscience qu'elle n'est qu'un miroir d'une exactitude impressionnante.


Enfin que chacun en profite bien je n'en attendais pas moins de mes ridicules congénères. Pour ma part je n'ai pas le bonheur de pouvoir m'adonner à l'exercice du mépris, devoir mépriser l'intégralité de la planète me prendrait trop de temps, vraiment.




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Commentaires
M
Je pense aussi que c'est très bien orchestré en tant que récupération de buzz. Pour le côté "femme à barbe" si c'est le prix à payer il n'est pas très élevé. D'autant que ceux qui se moquent font partie de la même foire. Ça serait drôle si ce n'était pas si pitoyable de leur part. <br /> <br /> Pour l'anecdote les études psys ont montré que les gens souffrant de graves pathologies mentales sont incapables de solidarité entre eux. Notre société en est une démonstration éprouvante.
R
moi ce qui me met mal à l'aise là-dedans c'est que il faut gagner la nouvelle star pour avoir droit à un nom de famille. Sauf Cindy Sanders, qui l'a eu dès les évaluations. Et ils l'ont bien répété pendant tout le sujet. J'ai un peu l'impression que tout le buzz là autour est très habilement orchestré. Ce qui me met un peu mal à l'aise. Ca et le côté phénomène de foire, on te montre la fille qui ne colle plus avec les clichés de l'époque et ose revendiquer son quart d'heure de gloire comme on te montrait la femme à barbe y a un siècle.
Monter, descendre ... ça glisse pareil.
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