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Monter, descendre ... ça glisse pareil.
15 mai 2012

Changes

 

Le salaud, il me regarde sans ciller "toi t'as pas changé ?" Bien sur que non j'ai pas changé, je mens effrontèment, j'argumente, je suis de mauvaise foi je me demande s'il s'en doute ...  je mens comme une arracheuse de dents, la nuit je mens, la nuit je ne dors plus de me chercher de m'ausculter de m'étudier de me pourchasser ... qu'est ce qui a changé ?

 

Je n'en dors plus d'avoir changé et de l'avoir perçu un jour dans un regard qui ne change pas lui, mais peine à trouver son objet... Je suis devenue qui ? pourquoi ? comment ? sur la piste de moi. J'aurais changé pourquoi ? Comment ? Où ça ?

De chagrin. J'ai changé de chagrin et de peur, de ne plus jamais avoir été silence serein mais peur panique, j'ai changé d'avoir cessé de rire un jour ou tout est devenu sérieux, j'ai changé de me voir faire, je me suis détestée. J'ai changé d'écriture, je n'écris plus les mêmes choses ou alors plus pareil, on me le reproche quand j'en suis si fière, j'ai changé d'avoir cessé d'écrire car un jour j'ai trouvé que j'écrivais exactement comme je voulais le faire. Ecrire n'étant pour moi qu'un exercice de la pensée j'ai cessé quand j'ai considéré que j'avais les moyens de ciseler la mienne exactement comme je le voulais.

J'ai changé de ne plus pouvoir aller danser chanter me réjouir me mélanger quand je voulais

J'ai changé de subir, toujours subir, toujours lutter sans jamais plus arriver à me relever.

J'ai changé d'être aimée ... ce qu'Alberoni ne dit pas est que l'amour de l'autre te refout toute ta vie dans la gueule tout tes cauchemars et toutes tes peurs, et la peur de l'abandon te fige aussi surement que le ferait le regard de la méduse. Tu ne bouges plus, comme si l'amour était un oiseau fragile plutôt que cette montagne imputrescible qui modifie a jamais ton horizon, tu deviens comme dans chanson de Brel l'ombre de toi même celle du chien du paillasson du frigo et si en face on t'aime de façon a exaucer tout tes désirs très vite on t'aime comme si tu étais un paillasson.

J'ai changé d'évoluer sous le regard de quelqu'un en permanence et dans la certitude de n'être qu'imposture mensonge et déception de l'avoir craint.

Changé d'avoir privé un homme de tout ce qu'il aimait de moi de l'avoir fait si naturellement presque consciemment, parce que j'étais si sure de n'être pas aimable.

J'ai changé de tendresse, de devenir cette femme étrange si dure et si tendre, j'ai changé de sentir mon corps s'enrouler autour d'un homme pour le protéger. Changé de vouloir parfois si fort si violemment porter son enfant. Changé d'être devenue celle qui est capable de se décider à le faire.

 

J'ai changé mes peines ont guéri, mes fureurs apaisées, mes larmes presque definitivement séchées à la faveur d'un soleil que nul n'attendait, j'ai oublié tout ce qui n'était que douleur, d'autres toutes neuves sont apparues, j'ai changé de me vider de moi même sans jamais être capable de me nourrir à nouveau, je suis devenue coquille vide, de polymorphe à amorphe, de drôle à silencieuse, de courageuse à rien, de forte à matelas en mousse molle, d'écrire à page soulagée d'être enfin blanche.

 

Changé d'avoir perdu mes amis, mon chat, ma soeur, ma maison, tout ce que j'aimais, de l'avoir perdu encore comme si la vie n'était qu'une ignoble répétition de ce qui fait mal de ce qui fait peur de tout ce que l'on ne voudrait jamais vivre mais que l'on va vivre d'autant plus surement que c'est ce que l'on craint le plus.

 

J'ai changé d'avoir découvert la haine. Celle des autres éveillant brutalement une que j'ignorais abriter, mais l'on devient capable de haine que lorsque l'on entend plus le chant du monde, que lorsque l'on devient vide comme je le suis devenue, j'ai changé de me découvrir haineuse, d'être devenue "les autres", changé d'avoir du chaque jour chaque nuit pendant des semaines entières dû affronter toute seule ma peur, la haine, la colère, l'impuissance, changé jusqu'au bout des ongles, changé jusque dans le regard, changé jusqu'à ma façon de fumer. J'ai changé.

 

Et telle une créature mythique arrivée au bout de tous les changements possibles, de toutes les modifications et de toutes les peurs, après avoir été haineuse, peureuse, pire que tout, plus basse que la bassesse elle même, une vraie saloperie, pire encore peut être, revenir telle qu'en moi même, au point de départ.

 

Celui de quelqu'un qui refuse d'apprendre quoique ce soit qui ne soit pas la joie.

 

 

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