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Monter, descendre ... ça glisse pareil.
25 juin 2008

Just another day

Aujourd'hui la première personne à laquelle j'ai parlé fut l'assistante du dentiste. Pour fêter mon grand retour dans les cabinets dentaire ma voix avait tout simplement disparu c'est donc en chuchotant que je lui ai demandé si on allait m'éviscérer tout de suite ou plus tard et à quel moment exactement faut il appeler l'armée pour me sauver  ?



La deuxième fut en toute logique le dentiste que je découvrais sexy en diable et auquel je ne cessais de faire des appels de phare avec la subtilité d'un 30 tonnes s'apprêtant à rouler sur un hérisson que lorsque je remarquai qu'il triturait nerveusement son alliance, par ailleurs très élégante. Un fin anneau d'or d'une discrétion absolue. Afin de calmer ma panique totale dès lors qu'on me demande d'ouvrir la bouche pour y glisser divers objets métalliques et vibrants - ce qui ne serait pas un réel problème si ceux ci n'étaient pas aussi pointus - je m'obligeais à penser à un concert de rock, à mon dernier 2 à 12 avec Adonis et c'est tout naturellement que mon esprit glissa comme le pervers qu'il est sur les mains en latex du dentiste lequel s'il n'avait pas eu lesdites mains dans ma bouche se serait probablement remis à triturer nerveusement son alliance.



Alors qu'il me serrait la main pour me dire au revoir, d'une poigne que je trouvais extremement rassurante pour la suite de notre collaboration, l'idée m'est venue qu'on faisait peut être dentaire pour s'occuper avec attention et délicatesse des femmes en détresse.



La troisième personne à laquelle je parlais fut une libraire. Un type de femme que j'abhorre et qui me le rend bien en me collant comme une mouche du papier tue mouche. Hyperbavarde et angoissée racontant leurs névroses avec une facilité qui en dit long sur leur absence de détachement et incapable de considérer autrui. Voilà le genre de femmes que je ne supporte pas et dont une des représentantes entrepris néanmoins de me conseiller dans mes lectures.


Elle m'achève d'entrée alors que me présentant Doris Lessing elle me confie sa surprise de lire sous la plume d'une femme de 80 ans des réflexions que l'on croirait sorties de l'esprit d'une jeune femme. Je l'ai silencieusement regardée afin de mesurer l'ampleur de sa bêtise et ai décrété que la chose qui osait m'adresser la parole était tout sauf un être sensible. Ma patience arriva à son terme losqu'elle déclara sans rire que "ce sont les femmes qui vont sauver la planète" à quoi j'ai répondu platement que je ne supportais pas ce genre d'assertions sexistes. Elle a fini par retourner derrière sa caisse.



La quatrième personne fut le serveur auquel je commandai un allongé. Installée en terrasse, au soleil, bien décidée à lire mon livre fétiche en profitant outrageusement du goût du café, de la caresse du soleil et d'une certaine sérénité retrouvée après une semaine de violente constipation intellectuelle a l'idée d'aller chez le dentiste. Au lieu de lire je m'adonnai en toute sérénité à mon exercice favori, regarder les gens.


Je fus comme toujours saisie par un sentiment proche de la béatitude, appartenir à tel flot ininterrompu de vie, de mouvement, de rêves ne laisse de me ravir. Sous le soleil de la fin d'après midi chacun vaque à son rythme. Une petite fille très fière d'être en rose comme sa mère et de porter les presque même lunettes de soleil, un papa cinquantenaire souriant pour lui même en baladant son petit en poussette, un homme fin et délicat se promenant lentement au rythme d'un tout petit chien, des adolescents amoureux, une maman qui gronde son fils d'avoir, à notre grande horreur à tous, couru après son ballon jusqu'au milieu de la rue. Je regarde les gens qui passent pendant que les gens arrêtés au feu détaillent la terrasse et ce faisant me regardent.


Je ne me demande plus qui sont tout ces gens ce qu'ils vivent et pourquoi. A force de les regarder je le sais. Ils sont comme moi et vivent à l'identique. Tous semblables et tous uniques. Le sentiment de cette multitude d'êtres uniques interdépendants pour quelques minuscules années et liés l'espace d'un instant dans cette course fugace et inutile qu'est la vie me donne une sensation de vertige que j'aime éprouver. Un vertige serein, assise sous cette portion de ciel dans cette portion de vie nous sommes si bien.



La cinquième personne à laquelle je parlerai sera le patron du café que j'irai saluer. En remontant la rue je penserai libidineusement au dentiste, à cette solitude qui est si confortable et si douce, aux autres villes dans lesquels je regarderai d'autres personnes si similaires et si différentes passer, aux gens que je ne connais pas, à ceux que je croise l'espace d'une seconde et qui me sourient résumant avec naturel la simplicité de la vie.



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