Où es tu ?

J'ouvrirai les yeux.

Comme ce matin, croisant mon reflet dans la glace face au lit, allongée sur le ventre, la tête entre les bras, les yeux grands ouverts comme si je n'avais jamais dormi, dans un coin de ma tête la radio qui déverse son tonnerre, les morts en Syrie, l'expulsion d'une poète, les sorties de Guéant, le racisme et les indignés qui ne sont que 99% de fachos en plus. 

Cela sentirai le café. Comme ce matin je me leverai avec douceur, j'enfilerai tranquillement un gilet dans la pénombre de la chambre éclairée par la lumière d'un chevet, me dirigerai vers la grande table de la cuisine, les fenêtres sur un Paris endormi, me servirai une tasse de café allumerai l'ordi et puis une cigarette. Du fond d'un couloir emergerai des bruits d'ablutions, odeurs musquée. 

C'est toujours la même envie, toujours la même idée...

Qu'est ce qui se passerai ensuite ? De bon matin j'entreprendrai un homme amusé par mon bagou du réveil, comme si je me sentais spoliée d'avoir du me taire pendant plusieurs heures d'affilée au réveil je suis bavarde comme une pie, bouillonnante de révolte et d'idées, en pleine forme. La vie, le monde, l'injustice, tout ces cons, Panagoulis, Mai 68, l'oubli de l'Histoire. Tout ces cons m'emmerdent, j'en ai marre je me barre.

 - tu veux pas partir à Kaboul ?

Qu'est ce qu'il ferait ? Il m'embrasserai dans le cou ... se servirai un café, viendrait discuter avec moi.

Est ce qu'il me demanderai l'heure du prochain vol pour Kaboul ?

On lâche tout, photographe.

Est ce qu'il part travailler ?

Est ce qu'il travaille chez nous ?

Est ce que je travaille ?

Qu'est ce que je fais ?

Est ce qu'on est vraiment à Paris ?

Je m'en fous

mais il serait là.