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Monter, descendre ... ça glisse pareil.
18 février 2012

"- et celui qui t'as laissé un petit cadeau là

"- et celui qui t'as laissé un petit cadeau là ... ?

- lequel ?"

 

Quand j'ai appelé ma mère pour lui dire que je débarquais, fine comme toujours et sans aborder directement le sujet elle m'a fait le listing de tout mes chagrins, toutes les crises, tout les cauchemars avec l'humour qui la caractérise. Je croyais ma vie finie mais j'étais écroulée de rire, prise au jeu, je les ai commenté me détachant petit à petit de l'idée que je vivais un cauchemar, que mon coeur ne se remettrait pas d'avoir un jour cessé de battre pour un homme adoré au delà de l'imaginable, que ma vie était finie et que j'étais devenue une de ces femmes sans âmes ... celles qui se marient parce qu'un jour elles ont vu leurs émotions disparaître, leurs sentiments anéantis.

 

Il m'a fallu quelques minutes pour me souvenir ... j'ai attendu un bébé un jour. Je ne croyais pas connaître pire souffrance que la fin brutale et commandée de ce dialogue intérieur doux et tendre et de devoir errer dans ce no man's land. Celui ou vont celles qui décident d'interrompre une grossesse non désirée. La culpabilité est massive, la condamnation sociale est totale. Le corps traumatisé. Mais il y a toujours pire ...

 

Et comme il y a eu pire j'ai oublié.

 

En cet après midi de février, pouilleuse et grise, honteuse de la honte que l'on ressent de ne pas savoir continuer a aimer, de ne pas savoir quoi faire de plus, de moins, dans quel sens se plier j'ai réalisé que la vie continue toujours et que toujours il y a un homme, un sourire, un autre enfant que l'on installe dans tes bras pour apaiser ta souffrance, il y a toujours une suite même si l'on est au fond du pire cul de sac, quelque chose peut toujours se passer qui fasse oublier, les longues marches solitaires dans Paris. Oublier la solitude, les souvenir tristes, ce que l'on voulait, ce dont on rêvait, là ou on a ri, là ou on a pleuré. Qu'il m'a suivie jusque dans mes cachettes ... comme pour me harceler quand je voulais l'oublier. Oublier et déjà le travail est en route, j'oublierai sa silhouette se découpant sur le ciel de Paris et tout ce que je trouvais merveilleux relégué dans le néant. 

A quel point je l'aimais et je regardais mon visage changer dans la glaçe, s'éclairer du sourire qui n'a existé que par lui, mon corps s'arrondir de désir, gavé de plaisir, je me réjouissais de ne pas me reconnaître et d'être par lui changée, modifiée, marquée, sculptée à ce point possedée que je ne me reconnaissais plus. Je ne pouvais plus respirer comme si une fleur géante poussait dans ma poitrine, énorme et radieuse.

Et c'est même pas grave.

Je voulais un bébé.

 

A l'étage la radio est allumée, j'entends la douche couler. Je n'ai jamais pris de douche avec cet homme là, il y a des choses uniques, avec lui je prends mon petit déjeuner. Il écoute France Inter, commente sans que je puisse comprendre, descend propre et parfumé, toujours joyeux comme le jour ou je l'ai rencontré, c'est un homme heureux, souvent surpris, expressif.

Par la fenêtre je le voyais s'agiter au téléphone, remuer les mains, sourire, tout en lui évoquait le plaisir d'être en vie. Ses yeux ont croisé les miens à travers la vitre, et il a souri. 

Il a gardé cet air heureux et surpris de ma présence.

Il dépose un baiser et me demande si je l'accompagne au marché.

 

 

 

 

 

 

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