Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Monter, descendre ... ça glisse pareil.
24 novembre 2009

Cours de 7ème cycle

Accessible uniquement à ceux qui ont validé l'option Noctambule International.


Paris n'est qu'expériences. Comme on disait l'autre jour avec l'épicier, il y a un certain nombres de régles à respecter quand on est pas né à Paris pour obtenir son diplôme de parisien en bonne et due forme et un certain nombres de test à passer auxquels survivre pour pouvoir s'autoproclamer parisien. On a beau aimer cette ville d'amour, la connaître par coeur, tant qu'on en a pas écumé les bas fonds on en connaît rien. Tant qu'on a pas traversé toutes les épreuves que cette ville a à offrir courageusement on est rien. Puisqu'en dehors de Paris il n'y a rien. Il va de soi que les épreuves sont à traverser avec le plus de glamour possible, l'oeil qui frise et le talon de 12 alerte.



Dire que j'aime Paris est un doux euphémisme. Paris est ma coquille, ma carapace, c'est mon macadam, mes chauffeurs de bus et mes gens pressés qui se bousculent sur le trottoir. Ce sont mes soldes pour pouvoir prendre le même air blasé et dégouté deux fois par an. Paris c'est chez moi car ce n'est ni un pays, ni un territoire, et depuis la disparition de la carte orange il n'y a plus de documents officiels prouvant une quelconque appartenance parisienne, Paris appartient à ceux que par sa beauté et son étrangeté elle ravit au monde. Parfois la nuit quand je suis debout dans le silence de Paris, j'ouvre ma fenêtre pour humer Paris. Goudron, métal et verre. Béton. Mon petit coeur chaud palpitant dans ma poitrine, je suis à la maison.



Mais j'ai beau l'aimer je ne pourrais pas décemment me déclamer parisienne si je n'avais pas vécu dans un placard de 10m2 par exemple. et l'épicier me rappelait en rigolant avec les toilettes sur le palier. J'ai échangé le bonus toilettes sur le palier par triperie en face et j'ai eu le droit de continuer les évaluations. Triple combo : Traîner au petit matin, pâle et défaite sur le champs Elysées et regarder le soleil se lever en compagnie du gratin encore plus pâle et défait. Pousser des Ooooh des Aaaah et finir à la taverne de Maître Kanter pour une choucroute matinale. Partager son appartement avec des cafards gonfle la moyenne, ainsi que pleurer au pied de la Tour Eiffel.



Il va de soi que pour être admissible il faut participer activement à la vie nocturne parisienne. Qui n'a pas couru après un taxi pied nu en robe de soirée sous la pluie et sans plus de clopes pour patienter ne peut pas se présenter à l'examen final, idem pour les soldes on ne peut pas prétendre être une vraie parisienne tant qu'on ne s'est pas battues à coup de petites culottes sur 2 mètres de fringues entassées par terre chez H&M. De même il est impensable de ne jamais avoir été ni au théâtre ni à l'opéra, ni à Beaubourg, ni dans les cinémas du quartier latin. Le vrai parisien trouve Beaubourg très moche. Je n'ai obtenu ma dérogation qu'en acceptant de cracher sur le Flore et en me liant d'amitié avec un catcheur né à Paris en 1950 Titi de son état. 



Paris ne se donne qu'à ceux qui sont prêt à l'abnégation. Il est accepté sur présentation d'un certificat médical de ne pas présenter l'épreuve "rave dans les catacombes" mais cela doit être remplacé par autre chose d'au moins aussi nocturne. Par chance dans cette catégorie j'ai raflé les meilleures notes. Poussant le vice dans mes jeunes années à rentrer chez moi plusieurs fois en pleine nuit en traversant Paris à pied qu'il pleuve qu'il neige ou qu'il vente, examen qu'on ne présente pourtant qu'une fois admis en 3ème cycle après avoir passé les épreuves d'orientation lesquelles consistent la plupart du temps à se rendre de chez soi au boulot en moins d'une heure par temps de grève dure, à engueuler vertement un taxi qui vous à baladé et à refuser de le payer, à rentrer du boulot à chez soi à pied par -40 pour cause d'heure de pointe catastrophique, métro bondés embouteillages carabinés et à trouver en moins de 20 minutes un lieu de l'underground itinérant où l'on est attendu pour la soirée (épreuve de 5ème cycle).



Paris se mérite. Mais je suis une grosse fayote, du genre qui tous les ans à l'approche de l'été ne sait se lasser de sortir du métro sous le pâle soleil de Juin et de s'esbaudir sur la beauté de Paris dans son habillage demi saison, lever de soleil rose, ciel bleu pâle et soleil se reflétant sur les vitres du musée d'Orsay.


J'ai sauté plusieurs cycles et ai obtenu sur mon dernier relevé de notes une mention pour être revenue dans la ville lumière ventre à terre ;  tout parisien se doit au moins une fois dans sa vie d'essayer de quitter Paris pour s'éprouver lui même, c'est un module de 2ème cycle dont j'avais été exemptée pour cause d'extrême fragilité à l'époque, mais le vrai parisien ne supporte pas Paris et s'exile dans des râles et des vapeurs au moins 2 fois l'an faire une dépression nerveuse en grande banlieue où en Province ; pour rattraper l'épreuve j'ai du partir à l'étranger. Revenant au bout de 6 mois en pleine deliquescence au point de passer dès mon retour mes journées dans le métro j'obtins une extrême mention et un passage en 7ème cycle. L'un des plus difficile.



Le 7ème cycle en effet exige que l'on soit prêt au coeur de l'hiver à sauter dans un charter pour aller passer au moins 10 jours dans la caraïbe, il y a aussi un grand nombre d'épreuves à faire en bînome, dont l'épreuve Deauville que j'ai toutefois déjà passée et dont je suis donc exemptée ; faire une virée à deux et atterir sur les plages de Normandie comme je suis très bonne elève je l'ai validée dès mon 2ème cycle. En 7ème cycle on doit retrouver ses potes où qu'ils se déplacent dans la ville et par hasard. Croiser Justin dans le 7ème, Marielle dans un troquet confidentiel du 11e et Adonis en bas de son nouveau chez lui dans le 18e, le tout avec un air blasé. Paris est un village. Le 7e cycle est le temps d'élire un lieu de prédilection pour les balades, de préfèrence un cimetière. Tout Parisien  a son cimetière préferé. J'ai pu aussi passer ce module dès la 1ère année. Et valider une partie du diplôme définitif dès le 5ème cycle en affirmant ma ferme intention d'y être enterrée.


Dans la liste des modules : Savoir retrouver la place de la Contrescarpe en moins d'une demie heure. Je l'ai loupée récemment mais sans grand dommage, on peut la repasser. Evoquer bruyamment le Palace et ses vertes années (toutefois par souci d'éviter le ridicule il est exigé des moins de 40 ans l' évocation de l'Enfer et ses afters, les Bains et Castel) Le jury est intraitable. Récemment une de mes connaissances même pas née à l'époque du Palace s'est vue  pour en avoir parlé reclassée en prépa. Un parisien doit savoir parler de tout comme s'il connaissait, l'air blasé donc et sans jamais que la fraude soit repérable. Pour mon choix dans domaine : les nuits blanches et la fête de la musique,  evenements auxquels je ne fous jamais un pied tellement ça fait province, je suis en tête du classement. Il va de soi que j'obtiens d'excellentes notes à l'évocation des nuits parisiennes y compris celles du Palace puisque je suis parrainée par des personnes qui ont vraiment connu la boîte à l'époque et m'aident à rédiger mes exposés.

Mes résultats sur ce module sont d'ailleurs tellement excellents  que je suis exemptée de baron - épreuve pourtant éliminatoire depuis 2 ans - le jury ayant estimé que passer une soirée avec les organisateurs sans jamais y avoir foutu un pied méritait un surclassement. De plus un parangon de la night parisienne dans la fin de 90's a bien voulu m'écrire une lettre de recommandation. A peine entrée en premier cycle je passais haut la main une épreuve éliminatoire pourtant reservée au diplômés avec un très bon niveau tellement elle est létale pour le standing et la réputation : Rentrer dans un lieu de la hype en pyjama ou en yoggin, pas coiffée, pas maquillée, avec l'air rincé de celle qui n'en a rien à cirer.


C'est d'ailleurs ce qui m'a permis de conserver une très bonne moyenne alors que l'an dernier je tentais pour faire plaisir à une copine de passer une épreuve de 7ème cycle et me bananais complétement : Faire la queue devant un lieu de la hype. Cette épreuve étant aussi éliminatoire et tue standing que celle du pyjama je m'en suis plutôt bien sortie : Un blâme avec obligation de la repasser dans les 1 an. Haut la main.


C'est ainsi que je m'y suis donc recollée ce week end. La peur au ventre car c'était ma dernière chance. Faire la queue devant un lieu de la hype nécessite une préparation intense. D'abord parce qu'il est impensable pour quelqu'un ayant un aussi bon niveau que moi en vie nocturne de faire la queue ou que ce soit la nuit y compris devant les toilettes, ensuite parce que les pièges sont nombreux. Faire la queue en balenciagga par exemple est inadmissible. Si l'on ne rentre par directement dans n'importe quelle boite de nuit alors qu'on est sapé pour 25 000 dollars c'est qu'on arrive de la province. Ca doit fleurer l'improvisé mais surtout pas en yoggin. On doit résister à la tentation de mettre sa capuche et ses lunettes de soleil. Et surtout. SURTOUT. Cour élémentaire 2ème année. ne pas faire la queue plus de 7 minutes, rester souriant afin que l'examinateur suppose qu'on en a vu d'autres.


Pour obtenir une note au dessus de la moyenne il est aussi indispensable d'entrer la dernière d'un lot. Alors que le physio estime qu'on ne rentrera plus personne la dedans même à coups de batte, faire partie de ceux qui obtiennent le passe droit indispensable : L'entrée sur sa bonne bouille.


Il est évident que sans le soutien de H - parisienne ultra diplômée et reconnue par les hautes instances du parisianisme comme une experte bientôt décorée de l'ordre du VPP (very precious parisian) - même malgré ma préparation intense de ces dernières années je n'aurais pas réussi. Alors que nous arrivions sur un trottoir blindé mon échec cuisant à l'épreuve l'année précedente me fis douter de moi même mais H était là. Première partie de l'épreuve : Traverser la queue indifférent pour auditer en douceur le portier. A ce stade l'épreuve semblait validable. Je fis donc pour la première fois de ma vie en refusant de penser à l'époque ou je passais en pyjama devant le Tout Paris pour pénetrer en baillant dans de sacro saints lieux accueillie en personne par ses propriétaires lesquels lâchant PPD et Naomi fissa venaient me chercher à la porte moi et mon pyjama, la queue devant un lieu de la hype et sans le soutien inconditionnel de H je n'aurais pas tenu plus de 3 minutes.

Un peu d'angoisse à l'arrivée : Pour être considéré comme viable le lieu de la hype se doit de contenir  un max de CSP +, et ++, des mannequins, de la jeunesse dorée, de l'artiste fauché et du bobo. Bien cachées une ou deux célébrités. Une fois l'épreuve validée je pus y ajouter la validation de modules de 9ème cycles : Le vestiaire (obligatoire pour les plus de 30 ans), aller aux chiottes sans faire la queue, ne mettre la langue dans personne et éviter de tituber en dansant avant 5 heures du mat. Le module partir avant la fin de la soirée et faire 25 lieux de la hype en une seule nuit ayant pour moi était validés il y a longtemps je peux maintenant établir mes quartiers ou que ce soit dans la capitale et y passer la nuit si bon me chante. Le privilège des gradués avec mention uniquement. Attention il faut vraiment avoir d'excellentes notes et les faveurs du jury pour se le permettre.


H en a profité pour m'entraîner à une épreuve de 9ème cycle : Le porté de sac et de manteaux accessible uniquement aux personnes déclarées aptes médicalement puisqu'il sous tend que malgré un taux d'alcoolémie très élève on est tout à fait capable de faire le porte manteau pour ses petits camarades de classe. Soeur est d'ailleurs en compétition internationale pour le titre mondial de la catégorie. Je suis sure de me bananer à l'examen officiel. Je lui ai tout rendu en moins de 2 minutes en lui demandant pâteusement (éliminatoire à l'épreuve) à qui étaient tout ces sacs.  


De même se tordre les chevilles à 8h00 sur les pavés en râlant comme un moteur de chevrolet à l'agonie n'est pas accessible aux candidats n'ayant pas validé l'option noctambule en 3ème cycle et peut provoquer le renvoi. Il est absolument interdit aux candidats de 7ème cycle de tomber ou de vomir à aucun moment de la soirée (même sanction que si l'on met sa langue dans quelqu'un soit une annulation de l'épreuve voire une élimination pure et simple.). J'avais pris l'option retour en taxi sans vomir. Alors qu'à 8h37 j'arrivais devant chez moi un appel me confirme que je suis reçue à l'épreuve avec mention trop la classe.

Comme H est une très bonne copine, elle m'a filé le sujet de la prochaine épreuve de l'option notambule : "Restée coiffée correctement entre 2 et 7 heures du mat même devant un ventilateur sous la pluie et se démaquiller avant de s'écrouler sur son lit". Avant mon départ elle m'a gentiment pistonnée pour passer deux épreuves ultime de 20ème cycle. Ne pas s'endormir comme une loque là où on a atterri à la fin de la soirée. (et ses recommandations de diplômée sont précieuses car il s'avère qu'en 7ème cycle il est très mal vu d'aller faire des afters n'importe où, je dois la clémence du jury encore une fois à mes très bons résultats) et trouver que le jour qui se lève sur Paris ne fait pas mal aux yeux et que c'est joli. Instant de grace inutile et précieux reservée aux diplômés : Au petit matin descendre une rue pavée sur des talons  en pendouillant lamentablement au bras d'une amie après une soirée où décidèment on a bien ri.

Publicité
Publicité
Commentaires
Monter, descendre ... ça glisse pareil.
Publicité
Archives
Publicité